Toute la Terreur en France ne fut rien d’autre qu’une méthode plébéienne d’en finir avec les ennemis de la bourgeoisie, l’absolutisme, le féodalisme et l’esprit petit-bourgeois ».[16]. Le projet de livre sur la Convention n’a pas abouti mais on trouve, parsemées dans ses écrits tout au long de sa vie, de multiples remarques, analyses, excursions historiographiques et esquisses interprétatives sur la Révolution française. D’autant plus qu’une des exigences du matérialisme historique est d’expliquer les idéologies et les illusions par la position et les intérêts des classes sociales… Or, il n’y a pas chez Marx (ou Engels) une tentative, même approximative, de définir la nature de classe du jacobinisme. (…) La vie politique cherche à étouffer ses conditions primordiales, la société bourgeoise et ses éléments pour s’ériger en vie générique véritable et absolue de l’homme. Si faiblesse il y a, elle est circonscrite à la dimension institutionnelle de la politique, en particulier à la question cruciale de la représentation. 3. La révolution trahie » de D. Bensaïd, Considérations inactuelles sur « l’actuel encore actif » du Manifeste communiste, Karl Marx, Friedrich Engels et les révolutions de 1848, 20 octobre : présentation de « Nature et forme de l’Etat capitaliste ». La religion et les hommes qui la font (prêtres, évêques, etc) sont des…. Elle savait que la base de sa domination était la déconstruction de la féodalité à la campagne, la création d’une classe paysanne libre, possédant des terres. Analysant le comportement des couches populaires urbaines (« le prolétariat et les autres catégories sociales n’appartenant pas à la bourgeoisie »), Marx affirme : « Même là où elles s’opposaient à la bourgeoisie, comme par exemple de 1793 à 1794 en France, elle ne luttaient que pour faire triompher les intérêts de la bourgeoisie, quand bien même ce n’était pas à sa manière. Il s’inquiétera beaucoup de la déformation de ses idées. Cependant, on a l’impression qu’elle relève moins d’une critique du jacobinisme (comme chez Daniel Guérin un siècle plus tard) que d’une certaine « idéalisation » de l’homme du Dix-Huit Brumaire, considéré par Marx – en accord avec une tradition de la gauche rhénane (par exemple Heine) – comme le continuateur de la Révolution française. [23] Daniel Guérin, « La lutte de classes sous la Première République », Gallimard, 1946, p. 7. Daniel Guérin interprète cette formule comme allant dans le sens de sa propre interprétation de la Révolution française : « Marx employa l’expression de révolution permanente à propos de la Révolution française. 4. Marx affirme en effet que l’histoire est travaillée par le conflit fondamental entre le mode de production et les rapports de production : « homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurandes et compagnon, bref oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une lutte ininterrompue » (Manifeste du parti communiste). La conspiration de Babeuf, décrite par son ami et compagnon Buonarroti, montre comment ces républicains ont puisé dans le mouvement de l’histoire l’idée qu’en éliminant la question sociale de la monarchie ou de la république, on n’avait pas encore résolu la moindre question sociale dans le sens du prolétariat ». En effet, le philosophe a également imaginé, comme dans certaines utopies socialistes, une révolution économique fondée sur l’association des producteurs. [30] Ernst Bloch, « Droit naturel et dignité humaine », Payot, 1976, p. 178-179. [2] K. Marx, « Die Heilige Familie », 1845, Berlin, Dietz Verlag, 1953, p. 196. En second lieu, la révolution constitue l’acmé de la lutte des classes. b) Les hommes de la Terreur – « Robespierre, Saint-Just et leur parti »– ont été victimes d’une illusion : ils ont confondu l’antique république romaine avec l’Etat représentatif moderne. Chez le vieux Engels (en 1889), on trouve quelques références rapides au conflit entre la Commune (Hébert, Chaumette) et le Comité de Salut Public (Robespierre), mais il n’est pas question du courant enragé représenté par Jacques Roux.[21]. La révolution est soumise à certaines conditions. En d’autres termes : l’appareil étatique sert les intérêts de classe de la bourgeoisie sans être nécessairement sous son contrôle direct. Ils possèdent en eux « cette promesse, et cette teneur utopique concrète d’une promesse » qui ne sera réalisée que par la révolution socialiste et par la société sans classe. Cet ensemble est loin d’être homogène : il témoigne de changements, réorientations, hésitations et parfois contradictions dans sa lecture des événements. Napoléon acheva de perfectionner cette machinerie d’État ». 2. Considérant la Révolution française, qui a permis à la bourgeoisie de prendre le pouvoir, comme la révolution par excellence, il voit en celle-ci le symptôme de la mutation de la domination sociale. Il s’agit du « long travail de l’esprit dans l’histoire »… Grâce à lui (l’esprit avec un E majuscule), nous pouvons enfin comprendre la vraie nature de la Révolution française : plutôt que le triomphe d’une classe sociale, la bourgeoisie, elle est. Jusqu’ici. 2, p. 341 : « Von den Jakobineren ging die nachricht ein, dass sie in Permanenz erklärt hatten. Nous en reparlerons plus loin. Si dans les œuvres sur la révolution de 1848-1852 Marx n’hésite pas à qualifier les héritiers modernes de la Montagne comme« démocrates petits-bourgeois », il est très rare qu’il étende cette définition sociale aux Jacobins de 1793. Ramassant en un paragraphe la signification historique des révolutions de 1848 et de 1789 (mais ses remarques sont plus pertinentes pour la dernière que pour la première), Marx observe, dans un article de la Nouvelle Gazette Rhénane en 1848 : « Elles étaient le triomphe de la bourgeoisie, mais le triomphe de la bourgeoisie était alors le triomphe d’un nouveau système social, la victoire de la propriété bourgeoise sur la propriété féodale, du sentiment national sur le provincialisme, de la concurrence sur le corporatisme, du partage sur le majorat, (…) des lumières sur la superstition, de la famille sur le nom, de l’industrie sur la paresse héroïque, du droit bourgeois sur les privilèges moyenâgeux. Et, dans un article de 1847, il affirme au sujet de l’abolition révolutionnaire des vestiges féodaux en 1789-1794 : « Timorée et conciliante comme elle l’est, la bourgeoisie ne fût venue à bout de cette besogne même en plusieurs décennies. -Dans le contexte des articles de 1843-1844, elle suggère une tendance de la révolution politique (dans sa forme jacobine) à devenir une fin en soi et à entrer en conflit avec la société civile/bourgeoise. Les idéaux de la Révolution française – Liberté, Egalité, Fraternité, les Droits de l’Homme (notamment dans leur version de 1793), la souveraineté du Peuple – contiennent un « surplus utopique »(Ernest Bloch) qui déborde l’usage qu’en a fait la bourgeoisie. [8] K. Marx, « Projet de Loi sur l’abrogation des charges féodales », 1848, SRF, p. 107. Cet intérêt est compréhensible, dans la mesure où plusieurs courants communistes dans la France d’avant 1848 étaient plus ou moins directement inspirés par le babouvisme. (…) Les révolutions antérieures avaient besoin de réminiscences historiques pour se dissimuler à elles-mêmes leur propre contenu. Deux perspectives différentes peuvent toutefois être distinguées dans la pensée de Marx. Ces remarques ne visent pas à critiquer Daniel Guérin mais au contraire à mettre en relief la profonde originalité de sa démarche : il n’a pas simplement développé des indications déjà présentes chez Marx et Engels, mais a formulé, en utilisant la méthode marxiste, une interprétation nouvelle, qui met en évidence la dynamique « permanentiste » du mouvement révolutionnaire des bras-nus en 1793-1794. En lisant ces textes, on a parfois l’impression que Marx n’exalte autant la bourgeoisie révolutionnaire de 1789 que pour mieux stigmatiser sa « misérable » contrefaçon allemande de 1848. « Les communistes, clament Marx et Engels, peuvent résumer leur théorie dans cette proposition unique : abolition de la propriété privée » (Manifeste du Parti communiste). La bourgeoisie timorée et conciliante n’eût pas eu assez de plusieurs décennies pour accomplir cette besogne. Il en résultait une conception souvent autoritaire du parti, de la révolution et du pouvoir révolutionnaire… Rosa Luxemburg et Léon Trotsky vont critiquer – notamment au cours des années 1903-1905 – ce paradigme jacobin, en insistant sur la différence essentielle entre l’esprit, les méthodes, les pratiques et les formes d’organisation marxistes et celles de Robespierre et ses amis. Dès 1844, il regrette l’inexistence en Allemagne d’une classe bourgeoise pourvue de, « cette grandeur d’âme qui s’identifie, ne serait-ce qu’un moment, à l’âme du peuple, de ce génie qui inspire à la force matérielle l’enthousiasme pour la puissance politique, de cette hardiesse révolutionnaire qui lance à l’adversaire en guise de défi : je ne suis rien et je devrais être tout ».[6]. Son salaire, n’assura… 33 Il faut noter, tout d’abord, que, dans la perspective de Marx, la relation entre conjoncture historique et conjoncture révolutionnaire définit un « espace double » de la révolution : la révolution éclate forcément dans le contexte national, mais ses conditions de possibilité sont liées à une conjoncture historique déterminée qui est celle de la crise internationale. Révolution et démocratie chez Marx et Engels La bibliothèque d'ActuaLitté. Lénine et les bolcheviques qui n’avaient pas, eux, des illusions sur la bourgeoisie libérale russe, mais qui avaient pris surtout avant 1905, le jacobinisme comme modèle politique. [30], Conclusion et morale de l’Histoire (avec un « H » majuscule) : la Révolution française de 1789-1794 n’a été qu’un début. Mais on peut en dégager aussi quelques lignes de force qui permettent de définir l’essence du phénomène – et qui vont i… -L’expression implique aussi l’idée d’une avancée ininterrompue de la révolution, de la monarchie à la constitutionnelle, de la république girondine à la jacobine, etc. Le jacobinisme apparaît sous cet éclairage comme une tentative vaine et nécessairement avortée d’affronter la société bourgeoise à partir de l’Etat de façon strictement politique. Se confirme ainsi la remarque profonde de Sartre : le marxisme est l’horizon indépassable de notre époque et les tentatives pour aller « au-delà » de Marx finissent souvent par tomber en deçà de lui. Il est évident que pour Engels ce terme était simplement synonyme de mobilisation révolutionnaire du peuple et n’avait pas du tout le sens d’une transcroissance socialiste de la révolution.[24]. « ce n’est pas la révolution radicale, l’émancipation universellement humaine qui est […] un rêve utopique ; c’est bien plutôt la révolution partielle, la révolution purement politique, la révolution qui laisse subsister les piliers de la maison ». Il est le commencement d’un processus qui n’est pas encore terminé. »[3]. et féministes (Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt). aussi l’article contre Karl Heinzen de 1847 : « En assénant ces violents coups de masse, la Terreur ne devait donc servir en France qu’à faire disparaître du territoire français, comme par enchantement, les ruines féodales. Le point de départ de Marx, c’était donc la lutte des classes des ouvriers contre les bourgeois. Quels sont les éléments de la tradition révolutionnaire de 1789-1794 qui témoignent le plus profondément de cet inachèvement ? Marx est athée et s’en revendique, sans faire de l'athéisme une nouvelle « religion ». Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considèrent la conquête de cette immense édifice D’État comme la principale proie du vainqueur ». Cette définition part, on le sait, d’une analyse critique des résultats du processus révolutionnaire : de ce point de vue, il s’agit pour Marx, sans l’ombre d’un doute, d’une révolution bourgeoise. Dans le Manifeste du parti communiste, Marx la définit historiquement comme le passage, plus ou moins long et violent, d’un mode de production à un autre. Dans ce sens, elle a été un pas gigantesque dans ce que Ernst Bloch appelle la « marche debout de l’Humanité » – un processus historique qui est encore loin d’être achevé… Bien sûr, on en trouve des précédents dans les mouvements antérieurs (la Guerre des Paysans du XVIe siècle, la Révolution anglaise du XVIIe siècle), mais aucun n’atteint la clarté, la force politique et morale, la vocation universelle et hardiesse spirituelle de la révolution de 1789-1974 – jusqu’à cette époque, la plus colossale (Marx) de toutes. Présentant cette analyse dans Le Dix-Huit Brumaire, il observe – de façon analogue à Tocqueville – que la Révolution française n’a fait que. Il a ensuite envisagé, dans ses œuvres de maturité, les transformations à l’origine d’une nouvelle organisation sociale et technique du travail qui libérerait le travailleur du machinisme. Bis heute werden seine Theorien kontrovers diskutiert. Quels sont les aspects de cet héritage les plus dignes d’intérêts ? Dans un prologue inédit, "Le surréalisme à la recherche des pas perdus", il se donne pour objet la révolution surréaliste retrouvée, prise dans un entrelacs entre deux impératifs : selon André Breton, celui de Marx –transformer le monde– et celui de Rimbaud –changer la vie. C’est une interprétation possible des contradictions de la Révolution française, mais est-elle vraiment « infiniment plus concrète » que celle esquissée par Marx ?[5]. Il montra que le mouvement révolutionnaire de 1793 tenta (un moment) de dépasser les limites de la révolution bourgeoise ».[23]. Elle était déchue au rang d’une sorte de caste (…) encline dès l’abord à trahir le peuple et à tenter des compromis avec le représentant couronné de l’ancienne société ».[7]. SRF p. 103, 115, 118 ; – NRF, p. 238, 247. Explore our collection of motivational and famous quotes by authors you know and love. On pourrait en mentionner au moins quatre, parmi les plus importants : 1. D’une certaine manière, l’héritage de la Révolution française reste encore aujourd’hui, vivant, actuel, actif. Leur réalisation effective exige l’abolition de l’ordre bourgeois. Elle mène son affaires avec méthode. 2. Comme l’on sait, cette idée esquissée en 1852 sera développée en 1871 dans ses écrits sur la Commune – premier exemple de révolution prolétarienne qui brise l’appareil d’État et en fini avec ce « boa constrictor » qui « enserre le corps social dans les mailles universelles de sa bureaucratie, de sa police, de son armée permanente ». L’avantage évident de cette analyse était d’intégrer les événements de 1793-1794 dans la logique d’ensemble de la Révolution française – l’avènement de la société bourgeoise. La bourgeoisie de 1848 trahit sans aucune hésitation les paysans, qui sont ses alliés les plus naturels, la chair de sa chair, et sans lesquels elle est impuissante face à la noblesse ».[8]. Si, de manière générale, la lutte des classes est internationale en son fond, elle doit forcément être nationale en pratique et s’appuyer sur les formes politiques héritées du passé. Cf. Lorsque éclate le soulèvement pour l'unité nationale et le gouvernement démocratique, Marx rédige les Revendica L’auteur adopte une démarche résolument diachronique. A partir de ce moment, le concept de « bourgeoisie révolutionnaire »est entré dans le vocabulaire des marxistes et est devenu un élément clé dans l’élaboration des stratégies politiques – en ignorant l’avertissement de Marx, à propos de l’Allemagne (mais avec des indications plus générales) : les classes bourgeoises qui arrivent trop tard (i.e. La meilleure preuve en est les tentatives répétées et insistantes de mettre fin, une bonne fois pour toutes, officiellement et définitivement, à la Révolution française. Quelle que soit son admiration pour la grandeur historique et l’énergie révolutionnaire d’un Robespierre ou d’un Saint-Just, le jacobinisme est explicitement refusé comme modèle ou source d’inspiration de la praxis révolutionnaire socialiste. Gerald Bevan, Penguin UK (2008), Author’s Foreword : 1850s and later Variante: We can state with conviction, therefore, that a man's support for absolute government is in direct proportion to the contempt he feels for his country. À aucun moment, Marx, penseur politique, héritier de la grande tradition philosophique allemande, n’a admis la réduction idéologique de ses écrits. Comme il le souligne dans un passage brillant et ironique de La Sainte-Famille (1845), qui saisit en un trait de plume le fil rouge de l’histoire : « la puissance de cet intérêt fut telle qu’il vainquit la plume d’un Marat, la guillotine des hommes de la Terreur, le glaive de Napoléon, tout comme le crucifix et le sang-bleu des Bourbons »[2]. Cependant, le sens de l’expression chez Marx (dans La Question Juive) n’est pas du tout identique à celui que lui attribue Guérin : la« révolution permanente » ne désigne pas à ce moment un mouvement social, semi-prolétarien, qui essaie de développer la lutte de classes contre la bourgeoisie – en débordant le pouvoir jacobin -, mais une vaine tentative de la « vie politique » (incarnée par les Jacobins) pour s’émanciper de la société civile/bourgeoise et supprimer celle-ci par la guillotine. Les républicains les plus conséquents, en Angleterre les Niveleurs, en France Babeuf, Buonarroti, sont les premiers à avoir proclamé ces questions sociales. C’est son erreur, c’est son échec, en même temps que celui des théories du contrat, et notamment de Rousseau. La Révolution française a été un moment privilégié dans la constitution du peuple opprimé – la masse innombrable (Marx) des exploités – comme sujet historique, comme acteur de sa propre libération. [17] K. Marx et F. Engels, « Adresse de l’autorité centrale à la Ligue des Communistes », mars 1850, cité dans SRF, p. 137 et 138. La révolution est un phénomène récurrent. « le prolétaire est déjà engagé dans le combat contre le bourgeois. Cette idée, développée dans La Sainte Famille, implique comme l’hypothèse antérieure, une période historique d’exaspération et d’autonomisation du politique. C’est un fait curieux, mais il y a très peu d’éléments chez Marx (ou Engels) pour une analyse de classe des contradictions du jacobinisme – comme par exemple celle de Daniel Guérin, selon lequel le parti jacobin était « à la fois petit-bourgeois à la tête et populaire à la base ».[18]. >> La question juive selon Marx sur un post-it. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c’est précisément à ces époques de crises révolutionnaires qu’ils appellent craintivement les esprits du passé à leur rescousse, qu’ils leurs empruntent leurs noms, leurs mot d’ordres, leurs costumes. On peut trouver un relevé partiel de cette bibliographie dans l’article de Jean Bruhat sur « Marx et la Révolution française », publié dans les « Annales historiques de la Révolution française », en avril-juin 1966. Comme nous l’avons vu, Marx pensait que le prolétariat socialiste devait se débarrasser du passé révolutionnaire du XVIIIe siècle. Reste à savoir dans quelle mesure cette révolution bourgeoise a été effectivement menée, impulsée et dirigée par la bourgeoisie. Par ailleurs, il ne s’occupera plus, dans ses écrits postérieurs, de ces « germes communistes » de la Révolution française (à l’exception de Babeuf) et n’essaiera jamais d’étudier les affrontements de classes entre bourgeois et bras-nus au cours de la Révolution. Il s'oppose au projet de certains émigrés d'une expédition militaire en Allemagne. « l’idéalisme hégélien se préoccupe infiniment plus des données concrètes de l’histoire de France du XVIIIe siècle que le matérialisme de Marx ». Elle aboutit à la conclusion, quelque peu surprenante, que Napoléon est l’héritier du jacobinisme : il a représenté, « la dernière bataille du terrorisme révolutionnaire contre la société bourgeoise, proclamée elle aussi par la révolution, et contre sa politique ». qui sont déjà menacées par le prolétariat) ne pourront pas avoir une pratique révolutionnaire conséquente. Bertolt Brecht est un auteur dramatique allemand, né le 10 février 1898 à Augsbourg (Bavière) et mort le 14 août 1956 à Berlin-Est. Cette plus-value est donc, au sens marxiste, du travail qui n’a pas été payé à l’ouvrier. La tradition révolutionnaire lui apparaît comme un phénomène essentiellement négatif : « La tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants. Pour les marxistes, la théorie « n'est pas un dogme, mais un guide pour l'action » (F. Engels). Dès lors, « la vie réelle de l’État, même non pénétré des exigences socialistes, renferme dans ses formes modernes les exigences de la raison ». [1] K. Marx, « Die Deutsche Ideologie », 1846, Berlin, Dietz Verlag, 1960, p. 92. Dans ses œuvres de jeunesse, le philosophe affirmait que la révolution visait à instaurer la dictature du prolétariat, afin de faire prévaloir les intérêts de cette classe – lesquels équivalent en réalité à ceux de la société tout entière – en abolissant les classes sociales. La révolution du XIXe siècle doit laisser les morts enterrer leurs morts pour réaliser son propre objet. La Révolution française a fait germer les idées d’un « nouvel état du monde », les idées communistes (le « cercle social », Babeuf, Sylvain Maréchal, François Bossel, etc.) Cette hypothèse est suggérée dans plusieurs écrits, notamment l’article sur « La bourgeoisie et la contre-révolution »de 1848. En revanche, lorsque cette perspective s’est éloignée, ses espoirs se sont déportés sur le modèle de la Commune de Paris, où l’inaptitude des classes dirigeantes crée l’opportunité d’installer un régime social durable de transition entre le capitalisme et le communisme. « En France, l’émancipation partielle est le fondement de l’émancipation universelle. Quelles seraient les forces motrices de cette révolution ? La révolution passe par certaines stratégies. [17], Mais ils ’agit à nouveau d’une remarque « en passant », où les Jacobins ne sont même pas explicitement désignés. On retrouve aussi l’aspect de la confrontation avec la société civile/bourgeoise mais contrairement au modèle jacobin de 1793, celle-ci n’est plus l’œuvre terroriste (nécessairement vouée à l’échec) de la sphère politique en tant que telle – qui essaie en vain de s’attaquer à la propriété privée par la guillotine – mais bien de l’intérieur de la société civile elle-même, sous la forme de révolution sociale (prolétarienne). Ou la Révolution de 1830 ? En effet, selon Michael Löwy, Marx a été littéralement fasciné par la Révolution française, comme beaucoup d’intellectuels allemands de sa génération : elle était à ses yeux tout simplement la révolution par excellence – plus précisément « la révolution la plus gigantesque (« Kolossalste ») qu’ait connue l’histoire »[1]. On retrouve cette thèse dans Le Dix-Huit Brumaire (1852), mais cette fois Marx insiste sur la ruse de la raison qui fait des Jacobins (et de Bonaparte) les accoucheurs de cette même société bourgeoise qu’ils méprisaient : « Camille Desmoulin, Danton, Robespierre, Saint-Just, Napoléon, les héros, de même que les partis et la masse lors de l’ancienne Révolution française accomplirent dans le costume romain, et avec la phraséologie romaine, la tâche de leur époque, à savoir la libération et l’instauration de la société bourgeoise moderne. c) La Terreur a été une méthode plébéienne d’en finir de façon radicale avec les vestiges féodaux et dans ce sens elle a été fonctionnelle pour l’avènement de la société bourgeoise. Lisez le TOP 10 des citations de Karl Marx pour mieux comprendre sa vie, ses actes et sa philosophie. En 1844, il publie la Question juive, où il expose ses vues sur la lutte politique pour supprimer l'État et l'argent, et permettre ainsi l'émancipation de l'humanité. Selon Furet. Pour survivre, les prolétaires doivent louer leur force de travail à ceux qui détiennent les moyens de production, c'est à dire le Capital.. Karl Marx critique le capitalisme, notamment dans son ouvrage majeur intitulé Le Capital. Elles annoncèrent à grand fracas l'émancipation du prolétariat, secret du XIXème siècle et de … Le premier facteur est le mode de production capitaliste, par excellence révolutionnaire : ayant détruit les anciennes formes de dépendance, il prospère sur la révolution permanente (technique, notamment) menée par une classe révolutionnaire, la bourgeoisie, aux dépens d’une autre qui le devient, le prolétariat. Cette expression apparaît d’ailleurs dans un des livres allemands sur la révolution que Marx avait lu en 1843-1844.[25]. Mais il existe une forme de travail dans laquelle l’homme ne s’affirme pas, mais est étranger à lui-même. Dans un passage très connu de La Sainte-Famille, il passe rapidement en revue les principaux représentants de cette tendance : « Le mouvement révolutionnaire qui commença en 1789 au cercle social, qui, au milieu de sa carrière, eut pour représentants principaux Leclerc et Roux et finit par succomber provisoirement avec la conspiration de Babeuf, avait fait germer l’idée communiste que l’ami de Babeuf, Buonarroti réintroduisit en France après la révolution de 1830. Les principales forces de ce mouvement – les bras-nus, les femmes républicaines, les Enragés, les Egaux et leurs porte-paroles (Jacques Roux, Leclerc, etc.) Quel est donc l’héritage de la Révolution française pour le marxisme du XXe siècle ? Les révolutions de 1848 furent des épisodes, de tout petits craquements, de toutes petites déchirures dans l'écorce solide de la société bourgeoise. [4] K. Marx, « Le Dix-Huit Brumaire », cité dans SRF, p. 148 ; – Id., « La Guerre Civile en France » (premier et second essai de rédaction), cité dans SRF, p. 187-192. La révolution est soumise à certaines conditions. « développer l’œuvre commencée par la monarchie absolue : la centralisation, (…) l’étendue, les attributs et les exécutants du pouvoir gouvernemental. J’utilise tantôt l’un, tantôt l’autre, et parfois l’original allemand (notamment pour les textes qui ne figurent dans aucun des recueils). Par exemple, dans un passage de L’Idéologie allemande, il présente la Terreur comme la mise en pratique du « libéralisme énergique de la bourgeoisie » ! Cette impression est confirmée par des textes quelque peu antérieurs à 1848, où le rôle de la bourgeoisie française apparaît bien moins héroïque. La Révolution française, par son caractère bourgeois, ne pouvait pas émanciper la société de cette « excroissance parasitaire », de ce « grouillement de vermine d’État », de cette« énorme parasite gouvernemental »[4]. Jusqu’au 2 décembre 1851" [date du coup d’Etat de … En revanche, l’idée de révolution permanente au sens fort – celui du marxisme révolutionnaire du XXe siècle – apparaît chez Marx pour la première fois en 1844, à propos de l’Allemagne. La société bourgeoise, dans sa sobre réalité, s’était créée ses véritables interprètes et porte-parole dans la personne des Say, des Cousin, des Royer-Collard, des Benjamin Constant et des Guizot. Le responsable de cet « échec » serait, en dernière analyse… Jean-Jacques Rousseau. 2- La révolution prolétarienne. Marx aurait même infléchi sa position en admettant l’opportunité, dans les démocraties, d’un passage pacifique à une république socialiste par le renforcement progressif des organisations ouvrières. Ce n’est qu’en mars 1850, dans la circulaire à la Ligue des Communistes, que Marx et Engels vont fusionner l’expression française avec l’idée allemande, la formule inspirée par la révolution de 1789-1794 avec la perspective d’une transcroissance prolétarienne de la révolution démocratique (allemande) : « Tandis que les petits-bourgeois démocratiques veulent terminer la révolution au plus vite (…) il est de notre intérêt et de notre devoir de rendre la révolution permanente, jusqu’à ce que toute les classes plus ou moins possédantes aient été chassées du pouvoir, que le prolétariat ait conquis le pouvoir public » dans les principaux pays du monde, et concentré dans ses mains « les forces productives décisives ».[27]. L’homme y est dépossédé de son travail, de son essence. Confronté au mystère jacobin, Marx hésite. [3] K. Marx, « La bourgeoisie et la contre-révolution », 1848, dans Marx et Engels, « Sur la Révolution française » (SRF), Messidor, 1985, p. 121. Recherche uniquement dans le titre. [29], A un autre niveau, il me semble toutefois que Marx avait tort de nier toute valeur (pour le combat socialiste) à la tradition révolutionnaire de 1789-1794. Cf. [19] Cf. Certaines, assez extrêmes – et d’ailleurs mutuellement contradictoires -, sont peu convaincantes. On peut considérer L’Etat et la Révolution, de Lénine, comme un dépassement de ce modèle jacobin. Une des caractéristiques principales qui distingueront cette nouvelle révolution de la Révolution française de 1789-1794 sera, selon Marx, son « antiétatisme », sa rupture avec l’appareil bureaucratique aliéné de l’État. Raisonnement qui le conduit à la célèbre conclusion formulée dans Le Dix-Huit Brumaire : « La révolution sociale du XIXe siècle ne peut pas tirer sa poésie du passé, mais seulement de l’avenir. Il consacra plus de 20 ans de sa vie à l'écriture de cette oeuvre, mais n'en a achevé qu'une partie: le premier livre, publié en 1867.
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